Procès du coup d’Etat: l’adjudant-chef Bondjaté Dibloni ne se laisse pas voir par la stratégie de « parent à plaisanterie »

L’interrogatoire de l’adjudant-chef Bondjaté Dibloni s’est poursuivi dans la journée du 29 juillet 2018. Tout comme la veille, l’accusé a nié avoir été à la Place de la nation. « Le petit avait peut-être perdu les pédales », a répondu l’accusé, en parlant de Sidiki Ouattara qui, lors des enquêtes, a pourtant avoué l’avoir vu en ces lieux, où un manifestant a été tué. A sa suite, c’est le sergent Salif Couldiaty qui a été invité à s’expliquer. C’était également le dernier inculpé à la barre, avant la pause. Le procès reprendra le 16 août prochain.

Sous-officier de semaine entre le 11 et le 18 septembre 2015, l’adjudant-chef Bondjaté Dibloni nie catégoriquement s’être rendu à la Place de la nation pour quoi ce soit. Le soldat Sidiki Ouattara, lors des enquêtes, a avoué pourtant l’y avoir vu. « Le petit avait peut-être perdu les pédales », note l’accusé, avant de préciser que le soldat qui l’enfonce aurait pu être son fils.

L’adjudant-chef Bondjaté Dibloni précisera que c’est à cause de cette déposition qu’il a été inculpé. Et à l’en croire, certaines personnes voulaient forcément sa tête. La preuve, c’est avec grande joie que ses détracteurs ont accueilli sa venue à la MACA. S’il y avait du champagne, ils allaient trinquer, précise-t-il en substance.

Wakatt Communication

Le seul fait qu’il reconnait, c’est d’avoir organisé la sécurité des chefs d’Etat venus pour la médiation, en postant ses hommes tout au long du parcours, de l’aéroport à l’hôtel Laïco. Selon lui, dans la soirée du 17 septembre 2015, au rassemblement au camp, le chef de corps a révélé qu’il y avait beaucoup de morts en ville, et de ce fait, il a enjoint les chefs de tout faire pour que les hommes sur le terrain regagnent le camp. « J’ai eu la chaire de poule », révèle-t-il. Une fois de plus, il a été formel : c’est bien le GUS (Groupe des unités spéciales) du RSP qui a perpétré le coup d’Etat. Le GUI (Groupement des unités d’intervention) auquel il appartient n’avait pas accès à la présidence. Il confesse que c’est son « sens interdit ».

L’homme de 50 ans, qui a passé 25 ans de sa carrière au sein du RSP, en sait des choses sur cette ancienne garde prétorienne. Me Mamadou Sombié, avocat de la défense, a ainsi voulu en savoir davantage sur le corps et surtout sur l’ancien Premier ministre Yacouba Isaac Zida. Avec une stratégie qui n’a pas prospéré. « En bon Lobi, vous êtes en train de dire votre part de vérité. Je vous suis depuis un certain temps. Les Lobis n’aiment pas mentir. C’est vrai, vous êtes mon parent à plaisanterie. Mais, est-ce que vous pouvez me dire ce que vous savez sur Yacouba Isaac Zida ? », A introduit l’avocat.

La réponse de l’accusé ne s’est pas fait attendre. « Monsieur le président, permettez-moi de dire à maître [Sombié] que moi je ne veux pas entrer dans cette parenthèse. Moi, je suis au sérieux ici. Moi je ne suis pas là pour plaisanter », a répondu l’adjudant-chef Bondjaté Dibloni, qui explique qu’après son audition du 27 juillet, il a passé une heure au téléphone avec son père qui s’inquiétait.

Instructeur, celui qui a bénéficié d’une liberté provisoire est revenu sur l’exécution des ordres. Contrairement à certains militaires qui ont avancé, à la barre, que dans l’armée les ordres doivent être exécutés sans opposition ni murmure, et que les conséquences incombent au chef qui donnent les ordres, l’adjudant-chef Bondjaté Dibloni a relativisé. Les choses ont changé. Selon les nouveaux textes, ce n’est pas à l’aveuglette que des ordres sont exécutés. En plus, la responsabilité est partagée en cas de conséquence découlant de l’exécution des ordres. 50% pour le chef et 50% pour l’exécutant.

Le 27e accusé à passer à la barre fut le sergent Salif Couldiaty. Le sous-officier, qui était au poste de garde du bâtiment où étaient détenues les autorités de la Transition, a expliqué qu’il y était juste pour tenir compagnie à son binôme et ami, qui était en poste. Il y allait juste pour causer. Selon lui, c’est sur la chaîne télévision France 24 qu’il a appris que les autorités de la Transition étaient arrêtées, alors qu’il était à la maison. « Rester au camp tout ce temps, juste pour causer, ce n’est pas cohérent », ont insisté les avocats de la partie civile. Et pourtant, l’accusé et son conseil sont restés campés sur cette ligne de défense.

Comme cela avait été annoncé, dans le cadre des vacances judiciaires, une suspension est observée. Le président du tribunal a annoncé que les débats reprendront le 16 août prochain.

 

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